Une nouvelle écrite il y a plusieurs mois, parlant du viol et du racisme... Comme d'hab, ça finit à l'eau de rose
-_-
La Balançoire
J'adorais faire de la balançoire... Certes, à 15 ans cela peu paraître bizarre mais c'était comme ça.
J'allais souvent au parc la nuit, juste pour faire de la balançoire. Je regardais le ciel étoilé tout en me balançant et je m'imaginais dans une autre vie, une vie avec une mère moins soûle, un père moins violent et une grande soeur plus présente... J'imaginais une autre moi.
Mon autre moi était moins morbide, plus sûre d'elle et plus amusante. Évidemment cette autre moi était Pom-pom Girl, avait des tonnes d'amies Pom-pom Grils et un petit copain. Le petit copain n'était pas très intelligent et l'autre moi non plus, parce que quand on est intelligent on voit ce que le monde est vraiment, on voit l'envers du décor... Et je ne voulait plus voir ça.
Certaines fois il y avait d'autres jeunes au parc, mais ils ne faisaient jamais vraiment attention à moi... Ils étaient juste un peu étonnés de voir une fille dans un endroit pareil, mais mes vêtements sombres et mes bracelets cloutés les effrayaient trop pour qu'ils ne cherchent à comprendre...
Cette nuit là, j'étais seule dans le parc et je me balançais tranquillement en regardant les étoiles. Je portais une mini-jupe de velours noire, un T-Shirt
noir, une veste en cuir, un collier à pic et mes chaussures préférées. Elles avaient 8cm de talons, le bout rond et étaient en feutrine noire. Je les adorais.
"Tu vas les salir..."
Imperceptiblement, je ralentis la fréquence de mes balancements, étonnée que quelqu'un fasse attention à moi...
"Tu as de jolies chaussures, si tu continue à te balancer elles vont être remplies de sable!"
Cette fois-ci, je me suis arrêtée complètement et j'ai levé les yeux vers celui qui me parlais.
C'était un garçon de mon âge, grand, mince et avec de très beaux yeux bridés. Il était tout en noir, avec un jean et un T-Shirt moulant ainsi que des
DocMarteens. Il avait des cheveux mi-longs et lisses. Il me regardait intensément, et cela me rendait mal à l'aise. Nous nous sommes observés un moment, seuls dans le parc. Chacun de nous
attendais que l'autre prenne la parole en premier. Ce fût lui qui céda.
"_Je m'appelle Kingsley, et toi?
_Helen...
_Helen? C'est joli! Tu viens souvent au parc la nuit?
_Oui... répondis-je, méfiante, Et toi?
_Non, c'est la première fois, je viens d'emménager ici, avant j'habitais à Londres mais mes parents en avaient marre de la ville et moi j'avais des problèmes alors... On est venu ici, à la campagne!
_Campagne?! m'exclamais-je, Tu exagère! On est qu'à cinquante kilomètres de Londres et les premiers champs sont à trente kilomètres! C'est juste une petite ville...
_Ah! Euh... désolé..."
Pendant quelques minutes il semblait ne plus savoir où se mettre, tandis que moi, je recommençais à me balancer doucement. Puis, il s'assit sur le siège à côté de moi et se balança lui aussi. Je
ne sais pas vraiment combien de temps nous sommes restés là, a nous balancer, sans rien se dire... Moi je boudais et lui était gêné!
Puis, je ne sais pas trop pourquoi, je lui ai posé cette question :
"_T'avais quels genres de problèmes à Londres au juste?
_... Avec des gars de ma classe, commença-t-il, hésitant... Ils n'aimaient pas mon look et le fait que j'ai des origines autres qu'anglaises... On s'est battu... Et y en a un qui est à la morgue..."Je le regardait, étonnée. A la morgue? Comment était-ce possible? Il l'avait tué de sang froid? Non, certainement pas, pas avec la tête qu'il avait...
"S'il te plaît, dit il, ne le répète pas... Je ne veux pas que cette histoire s'ébruite, je veux juste l'oublier..."
Je hochais la tête, le visage morne. Puis je me levais. Il était tard et il fallait que je rentre...
"A plus tard alors!"
Je lui sourit, sincèrement, et je pris le chemin de chez moi tandis qu'il continuait à se balancer...
Le lendemain, je revint au parc, comme d'habitude, mais pourtant avec l'envie de revoir ce garçon, Kinglsey... Il n'était pas là quand je suis arrivée, cela n'était pas grave. Je m'assis sur ma balançoire et commençait mon éternel va et viens... Je crois que c'est pour ça que j'aime la balançoire, je dois percevoir ça comme une métaphore de la vie... On commet toujours les même erreurs, et les conséquences de nos actes arrivent forcément un jour... Le balancement semble ne jamais s'arrêter mais pourtant si, un jour, les chaînes de la balançoires restent droites et immobiles... Elles se brisent et le va et viens se termine...
Pendant plus d'une heure, je suis restée dans le parc à me balancer, observant successivement les voyous trop peureux pour m'approcher et les étoiles, si belles et brillantes... Je portais un jean, un T-Shirt noir, ma veste en cuir, mes chaussures à talons et j'avais un long sautoir de fines perles bleues.
Sans mes yeux charbonneux j'aurais pu paraître juste décalée de la mode, je n'était pas très effrayante ce jour-là... C'est sans doute pour ça que des
jeunes, d'environs 18 ans à l'air mauvais, m'ont approchés... Je ne les ai pas tout de suite remarqués parce que j'observais le ciel, fredonnant une chanson... Mais lorsque j'ai compris qu'ils
venaient pour moi, j'ai baissé les yeux vers la bande. Ils étaient huit, allant de dix-sept à vingt ans, fringués comme des racailles mais avec les vêtements les plus chers du marché, ce qui
montrait qu'ils étaient en fait juste des voyous de banlieue. Ils me regardait avec un air carnassier, je pensait qu'ils allaient vite partir mais il n'en était rien. Je commençais à m'inquiéter,
mais je ne comptais pas m'enfuir et leur laisser la victoire! Au bout de dix minutes, puisqu'ils ne faisaient rien je décidais de les ignorer et de continuer à me balancer. Je n'aurais jamais du
faire ça! Un des plus vieux c'est énervé et m'a attrapé par le bras, me forçant à ma lever.
"Alors gamine, commença-t-il, ça t'amuse de te faire mater comme ça? Ça t'excite?!"
Il ne me faisait pas peur, pendant ça tirade je le regardait dans les yeux, mais manque de peau, il prit ça pour une réponse affirmative. Il eu un sourire plus carnassier encore et
me jeta à terre, dans le bac à sable entourant la balançoire. Là, je commençais à avoir peur, et je fût encore plus effrayée lorsqu'il appela ses copains pour "commencer à s'amuser". Je voulu
m'enfuir mais l'un d'eux me rattrapa et me propulsa à nouveau dans le sable. Celui-ci me plaqua alors au sol, un affreux sourire aux lèvres. J'essayais de me débattre, mais je n'avais aucune
chance, même si je réussissais à me défaire de ce monstre, je serais aux griffes d'un autre... Alors que le jeune était en train de passer sa main sous mon T-shirt, j'aperçus une forme familère
derrière la bande. Une silhouette masculine mais fine, aux vêtements noirs mais à la peau claire, avec des cheveux de jais encadrant un visage aux yeux bridés.
"Kingsley !"
Les huit garçons se retournèrent vers le nouveau venu. Celui-ci ne bougea pas d'un pouce, me regardant droit dans les yeux avec un visage inexpressif. Le
plus vieux et sans doute le chef éclata de rire avant de passer le bras autour de l'asiatique.
"_Tu vois gamine, dit il, même ton copain se fout de toi! Je paris qu'il serait content de se joindre à nous, continua-t-il en se tournant vers l'adolescent.
_...
_Sois pas timide! s'exclama-t-il, C'est dans la nature de tout les keums tu sais! On est tous sauvage et on peut pas l'empêcher, le mieux et de s'exprimer...
_...
_Je vois, dit il, t'es pas un bavard! Mais tu sais, si tu t'es pas tapé ta meuf, on te la laisse! Je suis sûr que ça te fera du bien... Vous le faîtes souvent dans ton pays non? De baiser ensemble, en famille même, non?"
Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Kingsley se tourna vers le leader de la bande et le regarda d'un air à la fois haineux et d'incompréhensif.
"Dans mon pays, comme tu dis, les femmes, on les respecte, on les aime et on les chéri. On fait tout sauf les violer et leur faire du mal,
compris?"
Il ne lui laissa pas le temps de répondre, préférant écarter le monstre qui était sur moi d'un coup de pied et m'aider à ma relever. Il épousseta rapidement mon T-Shirt, me demanda si ça allais, s'excusant du regard. La bande n'avait rien fait, étonnés du ton sur lequel lui avait répondu l'adolescent, mais lorsqu'ils reprirent leur esprit, ce qui fut hélas rapide, ils se précipitèrent vers Kingsley et moi. Mais il s'en fichait, il mit K.O le premier assaillant d'un simple coup de poing, ce qui fit ralentir les autres. Ces quelques secondes leurs furent fatales. Kingsley leur fonça dessus, les martelant chacun d'un coup de poing qui les mettait à terre et leur coupait le souffle. Lorsqu'il fut devant le leader, il voulu lui donner le même coup mais il fut arrêté.
Kingsley leva les yeux vers la racaille, sans l'ombre d'une peur quelconque. Le violeur en herbe avait un affreux sourire au bout des lèvres, ce qui énerva Kingsley. Il recula tout en regardant le chef de la bande. Celui-ci éclata de rire et Kingsley en profita pour lui donner un coup de poing dans le ventre. Étrangement, la racaille ne fit rien pour se dégager ou se défendre, je ne comprenais pas. Ce ne fût que lorsque Kingsley retira son poing que je vit briller la lame. Il ne me laissa pas le temps de poser une des questions qui se bousculaient dans ma tête et me prit la main pour m'emmener loin du parc...
Cela faisait une demie-heure que nous courrions, et comme je commençais à m'essouffler Kingsley accepta de s'arrêter, d'une hochement de tête, sans rien dire.
Nous étions dans le centre ville, près du CinéMove mais il était fermé à cette heure! Les rues étaient d'ailleurs désertes, exceptés les quelques pilier de bars qui rentrait chez eux. Nous nous asseyâmes sur un banc glacé en face du cinéma. La nuit était incroyablement silencieuse, aucun moteur, aucun rire, seul mon souffle perçait dans l'air nocturne... Nous restiâmes assis sans se regarder, mais lorsque j'osai enfin lever les yeux vers Kingsley, je le vis la tête dans les mains, les coudes sur les genoux. Je ne put réprimer un élan de compassion envers l'adolescent et je passais le bras autour de ses épaules. Je senti dabord un frisson de sa part puis, au bout de quelques secondes, un sursaut. Kingsley pleurait.
Je ne savais pas trop quoi faire mais j'étais sûre d'une chose, je ne pouvais pas ne rien lui dire.
"_Euh, commençais-je... Ça va?
_...
_Non, ça ne va pas... Je... Écoute, tu ne dois pas t'en vouloir! m'exclamais-je, Tu as eu raison de faire ça! Si tu ne l'avais pas fait, je ne sais... enfin je n'ose pas imaginer ce qui ce serait passé...
_...
_Merci..."
J'avais dit ça d'une voix plus douce, plus basse... Timidement, en rougissant, je me penchais sur sa joue pour y déposer un baiser. Sa peau était douce, mouillée et salée. J'avais même senti une
larme couler près de mes lèvres... C'était si bon et si triste en même temps! Je tenais toujours mon visage à la hauteur du sien, avec un petit sourire. Il tourna alors la tête vers moi,
incrédule. Je soutint son regard et il sourit. Cela me fit tellement de bien de voir son visage s'illuminer... Parce que je me sentais coupable, j'avais l'impression que c'était ma faute s'il
avait du faire ça...
Pendant un temps qui m'était indéfini, nous sommes restés sur ce banc, à nous regarder droit dans les yeux. Puis, lorsque le ciel s'est teinté du gris de
l'aube, nous nous sommes enfin levés. Seulement nous ne voulions pas nous séparer, alors j'eus une idée...
"_Hum... Tu fais quoi là?
_Là? Tout de suite maintenant? me demanda-t-il
_Oui.
_Ben... commença-t-il, Je compte aller chez moi, attendre que ma mère s'en aille et rentrer, pourquoi?
_Est-ce que... Je pourrais venir avec toi?"
Il me regarda étonné. Moi, je rougissait...Je regrettais presque d'avoir dit ça, même si je mourrais d'envie qu'il me réponde par l'affirmative! Alors que je baissais les yeux, gênée. Lui, me
tendis la main, souriant.
Je la pris, aussi souriante et prête à le suivre partout, chez lui, en ville ou au bout du monde!
Fin
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